
Ce texte est un ode à la résilience.
J’ai été très émue en rencontrant ce frère végétal lors de mon 1er séjour en Ardèche à la Source, dont les hôtes formidables sont devenus des amis.
Chacun devait choisir un arbre dès le début du stage de reconnexion à la Nature.
Celui que j’ai choisi était le seul arbre mort de la clairière. Vous imaginez ma perplexité.
Cet arbre est devenu depuis symbole de ce lieu et n’a pas été abattu comme initialement prévu.
Il a sa pleine place en cet espace aux belles énergies telluriques.
Il a sa plaque aussi, bel hommage, et ce poème est affiché à la Source.
Quand je suis revenue l’année dernière, j’ai observé avec grand plaisir de petites pousses ça et là au fil des branches..
Mort vous avez dit ?
La résilience c’est ça
C’est faire ressurgir la vie au creux des plus grandes cicatrices.
L'ARBRE AUX FÉES
Il était une fois un arbre
Un arbre dans un bois
Un bois près d'une maison
Une maison dans une belle région
Une belle région dans un grand pays
Un grand pays dans l'Univers infini.
Il était une fois un arbre
Tout creusé, tout abîmé,
Au tronc noueux percé de part en part.
Il est raconté qu'il fut grand châtaignier un jour
Majestueux, il trônait au centre d'une clairière
De grandes branches lui faisaient grands bras
Trois grands bras pour embrasser le ciel
Il vécut, il apprit, il en entendit de belles
Il fut témoin de tant de choses
Discussions capitales, rudes querelles
Secrètes et douces rencontres, siestes clandestines
Il fut témoin, muet, ami fiable et fidèle
Il fut le confident, silencieux et sincère
Compatissant et bienveillant toujours.
Il fut.
Le temps passa, les saisons,les siècles, les hommes,
Les chagrins, les joies, les heurts, les amours
Que s'est il donc passé pour te voir si abîmé ?
Si plein de vide et de creux
Si entouré d ornières comme pour te protéger, te garder,
Te surveiller peut-être ?
Tu sembles avoir bravé tant de choses
Et te voilà, on m'a dit de toi que tu étais mort
J'ai été si triste quand j'ai appris cette nouvelle
Si triste, si indignée, si révoltée
J'ai beaucoup pleuré.
Comment dire cela de toi si beau avec tous tes creux
Toutes tes anfractuosités, tous tes trous percés par les oiseaux
Toutes tes failles
Je t'ai vu de loin, j'ai été subjuguée
Comment dire que tu n'es plus ?
Alors je suis allée te voir
Je t'ai regardé, je t'ai admiré
Et je t'ai trouvé si beau, si unique
Si creux et si plein
Si mystérieux dans ta singularité
Tu es le paradis des oiseaux, des écureuils
Des elfes et des farfadets, des lutins et des fées
Tu es paré d'armures de branches et de petit bois
Telle une cour pour un roi
Un roi dans une clairière
Une clairière dans un bois
Un bois près d'une maison
Une maison dans une belle région
Une belle région dans un grand pays
Un grand pays dans l'Univers infini.
Alors voilà, ce soir, je te nomme officiellement
L'Arbre aux Fées de ce bois
Le roi de ce bois
Et je m’agenouille devant toi
Et je te rends tous tes honneurs
L'ami, le confident, le témoin
Le repaire des ondines , des gnomes et des korrigans
Tu es un frère, tu es mon frère
Mon sanctuaire
Je te rends tous les honneurs et je te salue bien bas
Bien bas et plein de fois
L'Arbre aux Fées
Le roi de ce bois
Ce bois près d'une maison
Cette maison dans une belle région
Cette belle région dans un grand pays
Ce grand pays dans l'Univers infini
Cet Univers infini dans mon cœur enfin rempli.
Valérie Rossignol
11 octobre 2020 à la Source, Ardèche
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